Le gouvernement burundais demande que le BINUB soit simplifi ?

jeudi 4 novembre 2010,par Jean Bosco Nzosaba

La présence des Nations Unies au Burundi, post BINUB (Bureau intégré des Nations Unies), a été au centre d’une vidéoconférence organisée le 3 novembre 2010 à partir de New York par la Configuration pour le Burundi de la Commission de Consolidation de la paix. Le mandat du BINUB prend fin en décembre prochain. Les responsables de différents départements de la commission ainsi que certains ambassadeurs des pays donateurs du Burundi accrédités à New York ont participé à la séance. Ont également assisté à la vidéoconférence, à partir d’une salle du BINUB à Bujumbura, les représentants du gouvernement burundais, les membres de la société civile burundaise et les partenaires du Burundi. Le ministre des Relations extérieures et de la Coopération internationale, M. Augustin Nsanze, a clairement indiqué que le gouvernement demande que le BINUB soit remplacé par une structure légère qui compterait entre 50 et 80 personnes. Reste à discuter sur le nom à donner à cette structure à venir ainsi qu’à la personne qui la coifferait. Le cahier de charges de la structure serait notamment de développer une coopération normale avec les Nations Unies comme elle coopère avec les autres pays et de maintenir un dialogue entre le Secrétariat Général des Nations Unies et le Burundi. Cette structure devrait en outre aider le Burundi dans son intégration dans la Communauté est-africaine (EAC) dont il devrait assurer la présidence en 2011. L’appui de cette structure est nécessaire pour que le Burundi puisse réussir cette présidence, tenir les réunions statutaires à temps et prendre des initiatives. Il ne s’agirait plus des relations pour maintenir la paix, contrôler, vérifier ou donner des ordres. La coopération devrait se faire avec le département des Affaires politiques et non le département de Maintien de la paix parce que la paix a été rétablie au Burundi et que les groupes de bandits armés qui voulaient déstabiliser le pays ces derniers mois ont été anéantis. Pour les partenaires du Burundi participant à la séance, la nouvelle forme de la présence de l’ONU devrait tenir compte des attentes des autorités burundaises, mais aussi du peuple burundais. Ils reconnaissent la présence de la paix au Burundi. Les élections se sont passées dans un calme relatif même si l’opposition les a boycottées. Aussi, il y a lieu d’être optimiste parce que la majorité des Burundais rejettent la violence. Au niveau économique, on estime que le Burundi pourra atteindre une croissance de 5% à moyen terme. Mais tout n’est pas rose, et la situation reste fragile. Il peut y avoir un retour à la violence de l’opposition, et une structure de consolidation de la paix reste prioritaire au Burundi. Ils ont aussi évoqué des défis en matière de gouvernance, de justice transitionnelle, des droits de l’homme, de dialogue avec les partenaires politiques burundais au moment où plusieurs leaders des partis d’opposition sont en exil. Le rôle de la société civile doit également rester visible parce que c’est un instrument essentiel pour la démocratie. Un appui au processus électoral permettrait de faire mieux en 2015. L’appui pour l’élaboration du document de réduction de la pauvreté devrait également intégrer les priorités de consolidation de la paix. La poursuite de la réforme du secteur de la sécurité est indispensable. Des risques, des inquiétudes et des menaces restent en matière de sécurité, selon les participants à la conférence. La corruption peut également hypothéquer les investissements étrangers et empêcher la population de bénéficier des dividendes de la paix. Les partenaires du Burundi ont ainsi demandé au gouvernement de mettre fin aux exécutions extrajudiciaires observées ces derniers jours et de traduire en justice les auteurs. Ils ont ensuite insisté sur le processus rapide de déblocage des fonds de consolidation de la paix. Cela permet une intervention rapide, notamment dans la réintégration socio-économique des combattants démobilisés et des populations affectées par la guerre. Les participants à la vidéoconférence ont estimé que la revue de la politique agricole est nécessaire d’autant plus que 90% de la population burundaise vivent de l’agriculture. La présence de l’ONU devrait ainsi tenir compte des priorités du Burundi pour les cinq prochaines années, à savoir le renforcement des mécanismes de réconciliation et de justice transitionnelle. Un appel a été également lancé à l’opposition pour éviter toute action violente et de collaborer avec les forces négatives de la région. L’opposition a été invitée à être constructive dans les enquêtes sur les violences.

 

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