Etat burundais locataire : plus de 11 milliards de FBU engloutis chaque ann ?e

lundi 25 avril 2011,par Jean Bosco Nzosaba

Le gouvernement du Burundi dépense chaque année une bagatelle de plus de 11 milliards de FBu pour louer des immeubles abritant ses services dont des ministères et autres départements publics. Dans une étude récemment menée par l’Association burundaise des consommateurs (ABUCO) et Initiative des juristes chrétiens contre l’injustice (IJCI) avec l’appui de l’USAID, le consultant Venant Bacinoni a fait une analyse sur l’impact des frais de location desdits immeubles sur le budget national. Le ministère des Relations extérieures et de la Coopération internationale vient en tête des autres institutions et services qui consomment une part importante du budget voté chaque année au titre de loyers. Pour cette année en cours, il s’est vu attribuer un montant de plus de 4,3 milliards de FBu, soit 38,6% du budget global des loyers. L’ampleur de ce montant est dû au fait que les services extérieurs du Burundi ont besoin d’un budget consistant pour assurer la location des bureaux administratifs ainsi que des maisons pour les coopérants et ayants droit. Le ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida vient en 2ème position avec environ 1,1milliard de FBu, tandis que les autres ministères, de même que la présidence de la République, le Sénat, la Cour des comptes et le bureau de l’ombudsman dépensent pour la location annuelle des bureaux un montant qui varie de plus de 880 millions à 23 millions de FBu. Pour cette année, un budget de plus de 5 milliards de FBu a été voté et mis à la disposition de la direction de la Planification et de la Gestion immobilière pour payer les frais de location des immeubles abritant les services publics mais ce montant ne pourra pas suffire car il s’épuisera à la fin du mois d’avril, selon le consultant. Les crédits votés pour payer les loyers ne sont jamais suffisants, d’où des arriérés de loyers chaque année, a-t-il déploré, faisant savoir qu’il y a une sous-estimation du budget alloué à cette rubrique. Les arriérés de loyers sont payés pour la plupart sur des déclarations individuelles de créances alors que le principe est le listing. L’autre constat fait dans la gestion des loyers est que certains propriétaires des maisons louées par l’Etat font monter les loyers par des avenants aux contrats quelques années après leur signature et cette pratique se fait en complicité avec les autorités du ministère en charge de la Gestion immobilière. Dans son analyse qui s’étend de 2007 à 2011, le consultant fait remarquer que les frais alloués à la location de ces bâtiments sont de loin supérieurs aux budgets alloués à certains ministères et institutions étatiques. Cette situation influe négativement sur la croissance économique dans la mesure où ces crédits servant à couvrir les loyers diminuent sensiblement la part du budget de l’Etat qui devrait normalement être orienté vers les secteurs porteurs de croissance économique. Malgré l’aménagement annuel des sites pour la construction des maisons pour les particuliers, les services de l’Urbanisme ne pensent jamais aux services publics, note l’analyse de M. Bacinoni. Elle recommande au gouvernement d’entreprendre une politique continue de construction d’immeubles de l’Etat de manière à pouvoir loger progressivement tous les services publics et tous les dignitaires et ayants droit sans toujours faire recours à la location des maisons des tiers, de budgétiser les frais de location en attendant ses propres immeubles et d’entreprendre le paiement équitable des arriérés de loyers aux différents propriétaires d’immeubles qui logent ses services afin d’éviter le spéculations.

 

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