Journ ?e porte ouverte sur la R ?solution 1325

lundi 17 octobre 2011,par Jean Bosco Nzosaba

Quelques jours avant la célébration du 11ème anniversaire de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité, les femmes burundaises ont présenté vendredi à la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies au Burundi, les priorités des femmes en rapport avec la Résolution. C’était au cours de la journée porte ouverte organisée à Bujumbura sur la R1325. Au niveau de l’axe de la participation, les burundaises demandent à l’ONU de soutenir la participation des femmes tant dans les postes politiques que techniques en étendant à tous les niveaux de prise de décision et dans tous les secteurs le quota minimum attribué aux femmes. Elles demandent en outre à l’ONU d’appuyer la formation des femmes burundaises en matière de paix et de sécurité. Elles sollicitent l’appui à la tenue des retraites gouvernementales et parlementaires sur les questions du genre en développant surtout l’esprit de redevabilité par rapport à l’agenda genre. En matière de prévention, les priorités présentées concernent le soutien des institutions en charge de l’égalité homme/femme et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, le renforcement des dispositions juridiques de promotion de l’égalité des sexes et les mécanismes de réparation des femmes victimes des violences. Les femmes demandent le renforcement de la composante genre dans les secteurs de sécurité, en renforçant les formations et l’augmentation de l’effectif au niveau des corps de sécurité, que ce soit au niveau du Burundi et au niveau des missions de maintien de la paix. L’ONU a été appelée à soutenir le processus de plaidoyer pour l’adoption et la promulgation des lois en faveur de l’égalité des genres. Au niveau de l’axe protection, les femmes sollicitent l’appui pour la mobilisation des ressources financières pour la réparation des victimes des violences basées sur le genre (VBG) dans le cadre de la justice de transition, de faciliter la participation des femmes burundaises (civiles et en uniformes) dans les programmes de maintien de la paix. Les femmes sollicitent un soutien au processus de plaidoyer pour l’adoption et la mise en application des lois nationales en faveur de l’égalité des genres, spécialement la loi sur les successions, les régimes matrimoniaux et libéralités ainsi que la loi spécifique portant prévention, répression et réparation des VBG. Elles demandent aussi l’appui en faveur de l’adoption et la vulgarisation des conventions internationales signées par le gouvernement burundais. Au niveau de l’axe 4 de relèvement économique communautaire, les femmes demandent l’appui pour la création d’un basket fund pour l’appui des actions visant le développement de l’entreprenariat féminin en mettant un accent particulier sur les femmes rurales pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de leur autonomisation. L’appui est également sollicité pour l’assouplissement des conditions d’accès au crédit en accordant aux femmes un fonds de garantie, la formation aux techniques de transformation et de conservation agroalimentaire. L’ONU est sollicitée pour appuyer la mise en œuvre des priorités des femmes identifiées dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, 2ème génération (CSLPII). La Représentante Spéciale du Secrétaire Générale des Nations unies au Burundi, Mme Karin Landgren a affirmé que les Nations Unies continueront à appuyer les actions visant la mise en application de la Résolution 1325. « Aujourd’hui comme hier, les nations Unies sont engagées à appuyer sans réserve le gouvernement burundais en vue de la construction des lendemains meilleurs et plus juste pour les fils et les filles de ce pays  », a-t-elle souligné. Elle a indiqué que dans la Résolution 1325, le Conseil de sécurité des Nations Unies a reconnu le rôle essentiel que joue la femme pour faire avancer la paix, la sécurité, le développement et les droits de la personne humaine. Cette reconnaissance vient d’être réitérée la semaine dernière par le comité norvégien du Nobel qui a décerné le Prix Nobel de la Paix 2011 à trois femmes remarquables. Il s’agit du président du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf et militantes sociales, Tawakkol Karman du Yémen et Leymah Roberta Gbowee du Libéria. En annonçant ce prix, le comité a souligné la lutte non violente menée par les trois personnalités en faveur des droits de la femme y compris le droit de participer pleinement aux efforts de la consolidation de la paix. Par cette décision, le comité Nobel adresse un message clair : « Les femmes comptent pour la paix  ». Mme Landgren a salué le rôle joué par les femmes burundaises qui a eu un impact sur le processus de négociations à Arusha, malgré les contraintes affrontées. Certaines de leurs propositions ont été entendues et intégrées dans les accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation. Ces accords font explicitement référence aux devoirs proclamés par la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, référence reportée par ailleurs dans la Constitution burundaise de 2005. Le viol est inclus parmi les crimes contre l’humanité et crime de guerre. La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU au Burundi a précisé que les Nations Unies ont joué un rôle important dans les réalisations enregistrées dans ce domaine. D’après elle, la Résolution 1325 a été la première à souligner l’importance qui doit être accordée à la femme dans ce sens. Le secrétaire permanent au ministère de la solidarité nationale, des droits de la personne humaine et du genre, M. Gabriel Icimpaye, a indiqué que le gouvernement du Burundi réaffirme sa responsabilité de mettre en œuvre la R1325 et de rendre compte au niveau national et international sur la situation des femmes et des filles en rapport avec les questions de paix et de sécurité. D’après lui, les femmes burundaises ont montré leur ferme engagement dans la recherche de la paix et la réconciliation nationale pendant les moments de crise qu’a traversé le Burundi. Les femmes de toutes les ethnies, des sensibilités politiques différentes se sont réunies pour porter plus loin le message de paix. En 1996, les femmes ont brandi leur courage et sont unies pour influencer la levée de l’embargo qui frappait le Burundi. Les femmes ont revendiqué leur droit à la participation aux négociations de paix d’Arusha et leurs contributions et recommandations sont transcrites dans le contenu de l’accord de paix et ont été prises en considération dans la loi fondamentale. Cette loi accorde un quota minimum de femmes de 30% au gouvernement, au parlement et aux conseils communaux. Après les élections de 2010, alors que certains partis politiques se retiraient de la course aux législatives et la présidentielle, les femmes ont envoyé des messages appelant toutes les parties prenantes à tout faire pour sauvegarder la paix pour que le pays ne replonge pas dans le conflit sanglant. Le symbole le plus marquant est celui de l’opération foulard blanc. M. Icimpaye a rappelé que la Résolution 1325 voté en octobre 2000 contraint l’ONU et les Etats membres et tous les acteurs du conflit à faire des femmes des agents de la paix, de la réconciliation et du développement. Il a souligné que le gouvernement du Burundi, en collaboration avec les Nations Unies soutiennent qu’aucune stratégie ne sera décidée et mise en œuvre sans tenir compte, de manière claire, de la dimension genre afin de garantir la pleine participation de la femme à la prise de décision, au choix des actions prioritaires et plus spécialement à leur mise en œuvre.

 

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