Les organisations de la société civile se félicitent de l’accord des leaders mondiaux sur l’aide, mais restent sceptiques
1er décembre 2011, Busan, République de Corée – Alors que la société civile accueille favorablement l’accord sur le développement obtenu à Busan, les progrès en matière de fourniture de l’aide restent limités et le chemin est encore long pour améliorer réellement les moyens de subsistance et les vies des personnes, indique BetterAid, la plateforme de la société civile mondiale participant aux négociations.
L’accord, qui rassemble pour la première fois des donateurs émergents tels que le Brésil et la Chine, paraît élargir les principes de l’efficacité de l’aide et fixe une série d’engagements et de responsabilités pour un certain nombre d’acteurs, notamment la société civile et le secteur privé.
Le défi désormais consiste à trouver une bonne manière de forcer les gouvernements et les entreprises à respecter leurs engagements : « Il y a loin de la coupe aux lèvres, surtout pour ceux qui ont faim », a indiqué Emele Duituturaga, co-présidente du Forum ouvert des OSC sur l’efficacité du développement et directrice exécutive de PIANGO, membre de la plateforme BetterAid.
Pour BetterAid, les progrès les plus significatifs accomplis à Busan sont les suivants :
la lutte contre la corruption : en faisant expliquer aux donateurs où va l’argent de l’aide
la réaffirmation des engagements à promouvoir un environnement propice à la société civile, fondé sur les droits
la volonté de donner à la société civile une plus grande latitude pour gérer son propre travail de développement
l’accroissement des efforts visant à atteindre l’égalité entre les genres et à améliorer l’autonomie des femmes.
Bien que réticente au premier abord, la Chine a fini par soutenir cet accord. Mais les organisations de développement ont vite déchanté : Pékin a réussi à imposer qu’il ne soit pas contraignant. Antonio Tujan, président de BetterAid et de l’OSC Sherpa, a souligné que si la présence de la Chine à la table des négociations constituait un pas important, il était regrettable qu’elle ne soit pas prête à promettre de traduire ses paroles en actes. Les estimations prévoient que l’aide apportée par les nouveaux donateurs devrait s’élever à près de 11 milliards de dollars et qu’elle devrait augmenter rapidement.
Cependant, en l’absence d’une approche fondée sur les droits et en l’absence de contrôle des dépenses dans les états les plus fragiles tels que la Somalie, Haïti et la Côte d’Ivoire, nombreux sont ceux qui restent dubitatifs devant ces nouvelles, notamment pour ce qui concerne la façon dont les véritables problèmes qui touchent les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants, seront abordés.
Les Nations unies indiquent que les femmes représentent plus de 70 % des pauvres du monde, alors que leurs droits, leurs besoins, leurs voix et leurs contributions sont souvent ignorés.
L’autonomisation des femmes ne consiste pas à les utiliser comme moteurs de la croissance. Kasia Staszewska, de WIDE Network et BetterAid a déploré que l’accord ne reconnaisse pas les droits des femmes.
La société civile fait également état de ses préoccupations sur les points suivants :
l’accord ne contient aucun engagement à adopter des approches fondées sur les droits ;
l’accord n’aborde pas les points restant en suspens et le manque de mise en Å“uvre des engagements de Paris et d’Accra ;
l’accord réduit les engagements à des principes communs comme simple référence pour les partenaires émergents de développement dans la coopération sud-sud ;
l’accord ne retient comme structure modèle de développement qu’une croissance portée par le secteur privé.
L’évaluation finale de la façon dont les engagements pris à Busan seront contrôlés se tiendra dans six mois.
Une déclaration officielle de la société civile sera publiée après la clôture des réunions de Busan.
