Une ONG burundaise d ?nonce la corruption dans le recrutement au minist ?re de la Justice

mardi 7 février 2012,par Jean Bosco Nzosaba

Faustin Ndikumana, président de l’ONG Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM), a adressé, mercredi le 1er février 2012, une correspondance au ministre burundais de la Justice pour exprimer son inquiétude quant à la façon dont le recrutement se fait à la magistrature. Il rappelle d’abord que l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation stipule en son article 7, relatif aux principes et mesures se rapportant à l’exclusion, au point 8 que des chances égales d’accès à l’emploi public doivent être données à tous les hommes et femmes de ce pays par l’organisation d’un concours d’entrée dans la transparence. La Constitution de la République du Burundi découlant de cet Accord d’Arusha parle au niveau de l’article 13 que tous les Burundais doivent jouir des mêmes droits, raison pour laquelle aucun burundais ne peut être exclu de la vie sociale, économique ou politique. Quant à la loi n°1/001 du 29 février 2000 portant réforme du statut des magistrats, elle stipule qu’en cas de multitude de candidats, ce qui est le cas actuellement, le ministère de la Justice en collaboration avec le Conseil supérieur de la magistrature organise un concours d’entrée dont il fixe les critères objectifs de sélection des candidats. Qui plus est, le poste de magistrat est un poste technique. Or indique la PARCEM, la loi n°1/09 du 17 mars 2005 portant séparation des postes politiques et des postes techniques est claire là-dessus, l’accès à ce genre d’emploi est conditionné par la réussite d’un concours d’entrée. Cependant, souligne PARCEM, la pratique au ministère de la Justice est toute autre alors que paradoxalement, c’est le même ministère qui est chargé de faire respecter la loi et de lutter contre les injustices et toutes les autres formes d’exclusion. Une étude qui a été faite par cette organisation en 2010 a montré que le ministère de la Justice ne fait pas de publicité des appels d’offre, n’organise pas des concours d’entrée, n’affiche pas les critères de sélection des candidats et ne respecte pas le principe du recrutement par ordre promotionnel. Qui mieux est, selon le représentant légal de cette ONG, cette étude a montré que la pratique de monnayage est courante dans le recrutement des magistrats. Un million de Fbu (même deux millions), serait payé individuellement par les demandeurs d’emploi à la magistrature, a-t-on appris du président et représentant légal de PARCEM. Il a aussi rappelé qu’il a été remarqué, ors de l’atelier de sensibilisation des hauts cadres de l’administration sur la lutte contre la corruption qui s’est tenu du 30 au 31 janvier dernier, que l’accès aux emplois publics, en particulier à la magistrature, est souvent caractérisé par l’opacité, ce qui donne des brèches aux corrupteurs et aux corrompus. L’ONG PARCEM demande avec insistance au ministre de la Justice de faire la publicité des appels d’offre pour les recrutements, d’organiser des concours d’entrée, d’afficher les critères de sélection des candidats et de prévoir les mécanismes de réclamation, de sanctionner sévèrement ceux qui perçoivent des pots de vin au cours des opérations de recrutements.

 

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