Gros plan sur le programme transitoire de reconstruction post-conflit

lundi 5 mai 2014,par Jean Bosco Nzosaba

Le Programme Transitoire de Reconstruction Post-Conflit (PTRPC) est en phase de clôture, et c’est pour cela qu’un atelier national pour échanger sur sa finalisation a été organisé vendredi à Bujumbura. A cette occasion, le comité technique, les partenaires d’exécution, les représentants de l’administration dans les provinces et communes d’intervention, certains bénéficiaires ainsi que le personnel du PTRPC, se sont réunis pour tirer des leçons sur l’exécution de ce projet et pour discuter sur à qui revient la responsabilité de la pérennisation des acquis du projet. Pour rappel, le PTRPC est un projet sous la tutelle du ministère des Finances et de la Planification du développement économique, négocié par le gouvernement du Burundi en 2004 pour s’atteler à la reconstruction des provinces qui avaient été sérieusement touchées par la guerre, à savoir Bujumbura-rural (ouest), Bururi (sud-ouest) et Ruyigi (est). Le projet a effectivement démarré en avril 2006 sur financement du FIDA (16.724.000 dollars américains), du Fonds de l’OPEP pour le Développement International-OFID (10.000.000 de dollars américains), du Fonds belge pour la sécurité alimentaire (4.483.000 euros), du gouvernement du Burundi (2.837.000 de dollars américains) ainsi que de la contribution des bénéficiaires (370.000 dollars américains). Selon le coordonnateur du projet, M. Damase Ntiranyibagira, il a débuté par une première phase d’urgence de 2006 à 2010, afin de parer au plus pressé car, beaucoup de ménages de la zone d’intervention étaient sérieusement meurtris par le conflit. Pendant cette période, des kits agricoles et d’élevage ont été distribués. Au cours de la seconde phase de 2010 à 2014, plusieurs réalisations sont signalées et attestées par les bénéficiaires eux-mêmes à travers leurs témoignages. C’est ainsi que le PTRPC a travaillé sur beaucoup de volets dans le but d’assurer le bien-être global de la population. Il s’agit des volets gouvernance locale, agriculture et repeuplement du cheptel, pistes rurales, alimentation en eau potable et assainissement et le volet santé et nutrition. Le PTRPC a aussi mis sur pied des structures locales, volet par volet, renforcé et formé celles déjà existantes afin de mener à bon port son programme. Parmi celles-ci, on peut citer entre autres les CCDC (Comité Communaux de Développement Communautaire), les CDC (Comité de Développement Collinaire), les COSA (Comité de Santé), les Régies Communaux de l’eau, les agences de l’hydraulique rurale, les associations de gestion des marais. Ces structures, précise-t-on, comprennent un pourcentage assez représentatif de femmes et de jeunes. Le ministre des Finances et de la Planification du développement économique, M. Tabu Abdallah Manirakiza s’est dit satisfait des réalisations du PTRPC. « Le bilan des réalisations répond aux objectifs de départ du Programme, à savoir le renforcement de la cohésion sociale et communautaire à travers la gouvernance locale, la réhabilitation de l’agriculture et de l’élevage, le désenclavement des zones de production, la production d’une eau potable de qualité et l’amélioration de la santé de la population  », a-t-il indiqué. Pour le volet gouvernance locale, le programme a non seulement formé les communautés locales pour qu’ils apprennent à prendre en main le développement communautaire, mais également la population a appris beaucoup en matière de justice car, des formations juridiques ont été dispensées, en plus d’une assistance juridique qui a été octroyée, notamment en rendant disponibles des avocats pour ceux qui en avaient besoin. Sur ce volet, plusieurs adultes dont 80% de femmes ont été également alphabétisés, tandis que l’accès aux microcrédits a été facilité par injection de fonds dans les microfinances locales. En tout, 855 millions de FBu ont été octroyés à plus de 5.000 personnes. En outre, des jeunes et des orphelins déscolarisés ont été formés en métiers comme la menuiserie, la soudure, l’informatique et autres. Certains jeunes qui ont pu acquérir un emploi grâce à cette formation ont eu l’occasion de remercier le PTRPC. C’est le cas d’un jeune de la province Bujumbura-rural qui a affirmé que le PTRPC l’a tiré du banditisme. Avec le volet Agriculture, plusieurs actions, notamment la distribution de 25 millions de boutures de manioc et de patates douces et autres plants fruitiers, l’intensification de la culture du riz et du palmier à huile et la distribution des bovins et du petit bétail ont occasionné une augmentation de la production dans la zone d’ intervention du PTRPC. Cela se remarque par la production du manioc, alors que cette denrée allait disparaître suite à la mosaïque ainsi que la production du riz qui, grâce à la méthode SRI, a pu atteindre 9 tonnes, voire 10 tonnes par hectare. Le palmier à huile devient également une réalité dans la province Ruyigi qui auparavant s’approvisionnait en commune Rumonge. Les riziculteurs de Bugoma en commune Mutimbuzi ont témoigné qu’actuellement, ils ont pu se construire de belles maisons et enseigner cette méthode aux autres riziculteurs qui viennent des autres régions, même de l’étranger. Aussi, la distribution de bovins à travers la chaîne de solidarité communautaire a touché près de 9.402 ménages qui actuellement produisent du lait, du fumier et affirment qu’ils ont pu se nourrir, s’habiller et envoyer leurs enfants à l’école. S’agissant du volet pistes rurales, au total 202, 312 km ont été réhabilités sur 200 km prévus, sans oublier des ponts et des ponceaux construits. Les témoignages recueillis auprès des bénéficiaires indiquent qu’il y a des pistes qui avaient été abandonnées depuis bien longtemps sous la première République, mais qui pour le moment ont pu désengorger différents coins des communes. Ceci a eu des retombées positives sur le commerce, le transport des personnes et des marchandises, l’augmentation des taxes communales et l’accès aux structures de santé.

A propos du volet « Alimentation en Eau potable et assainissement, le PTRPC note avec satisfaction que 312.9 km d’adduction d’eau ont été réalisés dans les zones d’interventions du programme, soit un taux de réalisation de 137%. De même, 695 sources d’eau Rusengo ont été aménagées, soit un taux de réalisation de 141%, sans oublier que des latrines publiques ont été également construites. Sur le volet santé et nutrition, le PTRPC a pu réhabiliter 16 centres de santé et deux hôpitaux qu’il a équipé en matériels et a assuré la formation du personnel. Le PTRPC a également pris en charge les ambulances dans certains hôpitaux. Certes, tous les intervenants sont satisfaits des réalisations du PTRPC, mais le problème épineux reste la gestion de l’après PTRPC. Qui va assurer la pérennisation ? Les partenaires présents à l’atelier s’accordent pour dire que la pérennisation devra être assurée par les bénéficiaires et l’administration locale. Les gouverneurs des provinces Bujumbura-rural, Bururi et Ruyigi ont rassuré qu’ils vont tout faire pour que les acquis du PTRPC puissent se pérenniser. Le ministre Manirakiza a indiqué aux participants que les activités réalisées par le PTRPC sont les leurs et qu’ils doivent les entretenir. Il a indiqué que d’autres projets vont sûrement continuer l’oeuvre du PTRPC, mais que les bénéficiaires qui se seront mal comportés dans l’entretemps seront pénalisés. Le ministre Manirakiza a fortement salué l’oeuvre des partenaires qui ont répondu à l’appel du gouvernement, en finançant le PTRPC. Il a souligné que le pas franchi est satisfaisant, mais que les défis restent énormes, raison pour laquelle il a demandé que les travaux en cours puissent être accélérés pour que la fermeture soit effective d’ici fin juin 2014. Pour sa part, la chargée du portefeuille du FIDA, Mme Rym a également demandé aux administratifs et aux bénéficiaires présents dans l’atelier de continuer à bien gérer les réalisations du PTRPC et a souhaité que l’administration communale puisse voter un budget pour l’entretien de certains volets comme l’entretien des pistes rurales, à l’instar de la commune Mukike en province Bujumbura-rural qui a voté un budget pour l’entretien de ses pistes rurales. Elle s’est réjouie que le PTRPC ait pris en compte plusieurs composantes de toutes les couches de la population burundaise, sans oublier les jeunes, les femmes, les batwa, les orphelins et embrassé plusieurs volets. Enfin, Mme Rym a promis que le FIDA devra se concentrer dans l’avenir, sur l’emploi des jeunes qui constituent la force vive du pays.

 

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