En jetant un regard rétrospectif sur la genèse des partis politiques, on constate que, contrairement à l’occident, dans la plupart des cas, les partis politiques en Afrique étaient, au départ, des mouvements syndicaux. Par la suite, les leaders de ces mouvements syndicaux sont devenus, des responsables de partis politiques.
L’étude montre ensuite que, en Afrique, le passage du monopartisme au multipartisme peut se situer vers les années 1990. Et contrairement aux pays occidentaux où le multipartisme fut le résultat d’une évolution interne, l’adoption du multipartisme fut le fruit d’une pression externe.
2. Il convient de noter cependant que, le multipartisme au Burundi était déjà une réalité lors de la lutte pour l’indépendance, à la fin de la première moitié du 20ème siècle. Mais, avec la victoire de l’UPRONA en 1961, le Burundi passa au monopartisme quelques années plus tard. C’est avec le vent de démocratisation des institutions qui soufflait à partir de La Baule en direction de l’Afrique, que le Burundi retourna au système pluraliste.
La crise sociopolitique qui éclata en 1993, ne permit pas aux partis politiques de s’épanouir politiquement, puisque certains d’entre eux évolueront en mouvements rebelles, au moment où d’autres connaissaient des crises internes profondes de toutes sortes.
C’est avec l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi du 28 août 2000, que le multipartisme sera réaffirmé comme système politique au Burundi, et les principes de partage du pouvoir redéfinis.
En 2005, des élections démocratiques seront organisées et verront la participation de 35 partis politiques.
3. En ce qui concerne la situation des partis politiques burundais à la veille des élections de 2010, au 31 août 2009, le Ministère de l’intérieur a déjà agréé quarante trois partis politiques. Cette situation est jugée pléthorique dans la mesure où on ne voit pas de différences au niveau de leurs programmes.
Ces partis politiques évoluent dans un environnement qui n’est pas très favorable : les séquelles du conflit politico-ethnique n’ont pas encore disparu et les organes et les différentes structures de gestion des conflits ne sont pas encore mis en place.
Néanmoins, ils disposent d’un cadre législatif propice à leur épanouissement, auquel s’ajoutent d’autres opportunités qui s’offrent à eux, quoi qu’un bon nombre de menaces guettent leur fonctionnement.
Ils comportent bien évidement des forces qui leur permettront d’affronter les élections de 2010. Cependant les faiblesses qu’ils accusent devront être préalablement maîtrisées.
La réussite des élections de 2010 dépendra aussi de l’amélioration des relations entre les partis politiques de l’opposition et celui qui gère le pouvoir
4. La situation organisationnelle et le fonctionnement des partis politiques burundais, tels que décrits dans cette étude, permettent de tirer quelques leçons à capitaliser.
C’est notamment :
le recours obligé au dialogue ;
l’engouement pour la participation à la gestion de la cité ;
la prise de conscience des défis relatifs au développement.
5. L’étude permet aussi de mettre en exergue quelques défis qui devront être relevés en vue d’un bon fonctionnement de la démocratie.
Il s’agit de :
la rupture avec les intérêts sectaires ;
la proscription de l’intolérance politique ;
la lutte contre l’impunité ;
l’éradication du mensonge ;
la maîtrise des groupes affiliés aux partis politiques.
Le Burundi a trop souffert de plusieurs années de violence. Aujourd’hui qu’il tente de s’en sortir petit à petit, et fort de certaines expériences, doit avancer en matière de démocratie. Certaines anti-valeurs doivent être bannies, pour faire place plutôt aux valeurs fondatrices de la nation.
